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De l'enfermement...

Dernière mise à jour : 25 avr. 2020

Quatre articles, de Zannie Whittle, Catelyn Huang, Caleigh Aviv, Arissa Tagatac Aoki et Alex Reice



Zannie Whittle

Une chose que je trouve très intéressante en ce qui concerne l'enfermement et ses différentes définitions est la manière dont l'enfermement a été traditionnellement utilisé, historiquement, à la fois comme un moyen de punition et d'amélioration de soi. Quand on pense à l'enfermement, l'idée de l'isolement - une méthode d'emprisonnement qui existe depuis longtemps dans l'histoire de l'humanité - vient souvent à l'esprit. Cette pratique a été mise en œuvre aussi bien dans les prisons modernes que dans les camps de travail tels que le goulag soviétique, et a souvent des effets psychologiques horribles sur un individu. La privation de contact humain peut rendre les gens fous, car nous sommes une espèce sociale.

Le confinement a également été utilisé, cependant, pour tenter d'améliorer l'état mental d'une personne. Au Moyen-Âge, les femmes chrétiennes se confinaient souvent dans la solitude afin de renforcer leur lien spirituel. Un livre que j'ai lu sur une femme qui avait été placée en solitude dans le système carcéral du goulag soviétique disait que les années passées en prison l'avaient finalement beaucoup améliorée d'un point de vue intellectuel et psychologique. Et bien que contesté, le système carcéral américain soutient que l'isolement cellulaire est utilisé pour permettre aux criminels de réfléchir à leurs choix et de grandir.

La double fonction de l'enfermement tout au long de l'histoire de l'humanité est particulièrement intéressante alors que nous vivons une époque comme celle-ci. Bien qu'aucun d'entre nous ne vive l'isolement cellulaire dans la même mesure qu'un prisonnier américain, nous vivons tous une période d'interaction humaine limitée. Je pense que si cette situation peut évidemment être préjudiciable, c'est aussi une occasion inestimable pour chacun de prendre le temps de s'arrêter et de réfléchir à des questions importantes pour lui-même. Je me suis retrouvée à repenser à mes valeurs et à ce que je veux apporter au monde tout au long de ma vie et, d'une certaine manière, je me sens chanceuse d'avoir cette période d'isolement pour réfléchir.




Catelyn Huang

Je suis chez moi, comme tout le monde, et pourtant tout me semble étranger. À présent, nous vivons dans un monde inconnu et incertain, un monde qui nous aurait paru inimaginable il y a peu de temps. L'épidémie nous a touchés avec une vitesse et une intensité imprévues et incroyables, ce qui nous a obligé de vivre en confinement, de s’habituer à l’angoisse, au désespoir et enfin à l’ennui.

Ce qui ressort immédiatement de la situation, évidemment, c’est tout ce qui a changé. Nous ne pouvons plus travailler comme d’habitude, sortir librement, ni voir nos amis. Nous ne pouvons plus vivre comme avant. Ce qui me rassure, cependant, c’est le fait que nous, en tant qu’êtres humains, sommes toujours en train d’évoluer, toujours en train de nous adapter. La situation actuelle nous permet d’être les témoins d’incroyables actes de courage, de gentillesse et de solidarité. Nous avons aussi inventé des moyens originaux et créatifs pour combattre la solitude et l’ennui. L’esprit humain n’est pas si facilement étouffé, et cela me donne de l’espoir.

Un mois de confinement s’est déjà écoulé. L’ennui me dérange plus ainsi que l’anxiété et la frustration subsiste. J’ai l’impression que je ne fais rien, et que je ne peux rien faire, ni pour me distraire, ni pour aider les autres. Cependant, c’est cette oisiveté qui peut nous offrir un peu de réconfort : ce qu’il faut faire, c’est être patient et solidaire. Et dans ce cas unique et sans précédent, cela veut dire ne rien faire. Je suis et je reste donc, comme tout le monde, chez moi.



Caleigh Aviv


La santé mentale pendant le confinement

La pandémie a laissé des traces sur tous les aspects de notre vie. La maladie affecte le bien-être mental tout comme elle affecte les états physiques et économiques. Alors que les médias se concentrent sur la détérioration physique et les difficultés économiques causées par le coronavirus, les conséquences sur la santé mentale sont sous-estimées. En raison du confinement, il est essentiel de rester en bonne santé mentale. Compte tenu de la composante mentale, le confinement est une question de perspective. Inspirée par mes lectures et ma propre expérience jusqu’à présent, j’ai dressé une liste de moyens de changer votre façon de penser et de vous distraire grâce à des activités relaxantes et intéressantes.

Le confinement devient moins effrayant et accablant si vous changez votre façon d’y penser. Tout d’abord, en ce qui me concerne il me faut créer un sens du devoir. Si je ne me sens pas déterminée, je deviens anxieuse et je me sens hors de contrôle. Il est possible d’atteindre un sens du devoir en créant une liste de tâches, en les accomplissant et en cochant simplement les éléments de cette liste. La création d’un emploi du temps vous permettra également d’avoir un meilleur sens du devoir ; une routine vous permettra aussi de rester mentalement sain et distrait pendant le confinement. De plus, il existe des activités concrètes pour améliorer votre état mental et vous distraire de l’anxiété du confinement. La méditation est un excellent moyen de calmer votre esprit.

Une autre approche pour changer votre façon de penser est de tirer profit de cette période sans précédent, plutôt que d’y résister. Au milieu de nos vies typiquement occupées, nous voulons souvent avoir l’occasion de faire une pause. Cette expérience de confinement n’arrive qu’une fois dans une vie... j’espère. Alors, profitez au maximum de cette période de calme. Roger-Pol Droit propose de, « réfléchir et repenser notre rapport à la vie quitte à plonger dans un ennui qui sera, au bout du compte, salutaire. » Une activité qui aide à cette réflexion est de tenir un journal et de noter ses pensées pendant cette période de confinement, comme ces articles de réflexion. Puisque le confinement est « une sorte d’expérience philosophique absolument gigantesque où notre vie quotidienne change » (selon Droit), nous ne devons pas résister au changement, mais plutôt l’accepter.

La leçon la plus importante que j’ai apprise pour rester saine d’esprit pendant le confinement est qu’il est normal de se sentir effrayé, seul ou anxieux. Tout le monde se sent mal à l’aise. Même si l’on nous dit de confronter nos peurs, il est bénéfique de se distraire pendant cette crise et ce confinement.


Arissa Tagatac Aoki

Le confinement est devenu la nouvelle réalité. La vie se vit à l'intérieur, dans les chambres et les bureaux des maisons. J’ai goûté à mon dernier moment de liberté dans les rues de Paris. Même dans mon appartement parisien, je pouvais sortir de ma chambre sur le balcon où je pouvais respirer l'air d’un printemps proche. Le jour où je suis arrivée à New York était le premier jour du confinement. L’ironie du surnom “La terre de la liberté.” Comme je rentre dans mon appartement au trente-sixième étage, j’imagine que je suis Rapunzel, coincée dans ma petite chambre haute dans le ciel. Je regarde les rues de mes fenêtres, mais les rues vides semblent plus loin et les bâtiments qui entourent le mien apparaissent simplement comme des blocs de béton sans signe de vie. Un silence inconnu imprègne la ville, seules les sirènes occasionnelles semblent résonner plus fort dans cette nouvelle réalité. Les sons familiers, les coups de klaxon, les cris, les bruits de construction ont disparu avec les gens dans les rues.

Mais pendant ce confinement, je retrouve des vieux sons et j’en rencontre de nouveaux. Les voix statiques de mes amis au téléphone, le son du piano que j'ai enfin le temps de recommencer à jouer et les applaudissements chaque soir à 19 heures pour les travailleurs essentiels. La vie à l'extérieur s’est arrêtée, mais les acclamations, les tambourinements des casseroles et des cloches à vaches sonnent pleins de vie et d'espoir pour l'avenir. Pendant une période d’isolement comme celle-là, cela me rappelle que je ne suis pas la seule Rapunzel de New York. Nous sommes tous des Rapunzels, confinés dans nos appartements. Bien qu'on ne puisse pas se voir, 19 heures est un moment important dans la ville et qui nous rappelle que nous sommes tous encore ici ensemble.



Alex Reice

Le confinement est une chose difficile. C'est quelque chose qui va à l'encontre des idées de liberté et de libre arbitre, idées qui sont fondamentales pour des démocraties comme les États-Unis ou la France. Mais le confinement est une condition très différente selon les circonstances. Pour les prisonniers en isolement, l'enfermement signifie vivre seul avec ses pensées et rien d'autre. Ils n'ont pas de contact avec le monde extérieur, aucun compagnon, aucune liberté, aucun animal de compagnie. On leur dit qu'ils sont mis dans cette position pour se réadapter, mais ils ne sont pas protégés du monde extérieur, c'est le monde extérieur qui est protégé contre eux.

Cependant, mon enfermement est tout à fait différent. Ce n'est pas une punition, et il n'est pas aussi limité. J'ai le privilège de pouvoir regarder ce que j'aime à la télévision. Je peux choisir ce que je veux manger, je peux faire un gâteau si je m'ennuie. Je peux aller courir dans le quartier et lire un livre sous mon porche. Je suis en effet dans le confort de ma propre maison, et non enfermé dans une cellule. Et je sais qu'il y a un monde dehors qui m'attend.

Au fur et à mesure que les jours s'écoulent, le temps semble avancer étonnamment vite. Le plus atroce dans tout cela n'est pas le quotidien - chaque jour est relativement facile. C'est plutôt l'incertitude. Tant de questions restent sans réponse, et j'ai l'impression d'être constamment dans un état d’incertitude. Aujourd'hui, je suis en bonne santé, en possession de tous mes moyens et tout à fait normal, mais le monde s'est refermé autour de moi et personne ne sait quand il renaîtra. Aucune date de fin n’est attendue, pas de lumière au bout du tunnel. La permanence de ces temps dangereux semble s'étendre à mesure que l'ampleur des dégâts causés augmente de jour en jour. Et dans l’attente d'autres nouvelles, quand j’écoute les fonctionnaires, les médecins et les chercheurs et dans l’attente de savoir ce qu'ils ont en réserve, je suis complètement impuissante.

Ce n'est donc pas que je sois prisonnière de ma propre maison, que je ne puisse pas sortir pour déjeuner ou aller au cinéma. C'est plutôt que je vis dans cet état d'incertitude impermanent, et je ne peux tout simplement rien y faire.




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