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Le confinement vécu par la société

Dernière mise à jour : 24 avr. 2020

Trois articles par Isabelle Belleza, Josiah Blackwell-Lipkind , Abby Goldfarb et Caleb Eickmann




Par Isabelle Belleza

Les inégalités exacerbées par le confinement


L’autre jour, j’ai lu un article du New York Times sur le sujet de l’augmentation de la brutalité policière dans la banlieue de Paris pendant le confinement. Les enfants qui habitent dans les petits appartements sont agités, les résidents sont stressés à cause de soucis économiques, et ces tensions se détériorent quand les résidents sortent de leur immeuble et sont confrontés par les policiers. Ces problèmes existent depuis longtemps, mais ces conditions de confinement exacerbent les tensions et il n’existe pas de solution d’ici la fin de confinement.

Aujourd’hui, il semble que tout le monde participe à une sorte de confinement. Nos routines quotidiennes sont perturbées, nous dépendons de la technologie pour rester connectés avec notre famille et nos amies, et nous regardons l’arrivée de printemps de l’intérieur. Même si nous sommes unis par cette expérience, il ne faut pas oublier comment le confinement aggrave les inégalités qui existent, comme celles mentionnées à Paris. Nous sommes tous affectés par le confinement, et cela nous permet de comparer les différentes expériences et de comprendre les inégalités auxquelles nous ne faisions pas attention avant le coronavirus. Il peut être difficile de d’être attentif à la vue d’ensemble des conséquences du confinement parce que nous sommes plus préoccupés par notre santé et notre bien-être. Néanmoins, lorsque nous reprendrons les conversations avec le monde après le confinement, nous devrons penser aux inégalités de race, de pauvreté et de privilèges qui ont affecté les communautés autour de nous pendant le confinement.

L’exigence du confinement révèle les privilèges de certains groupes, et les difficultés rencontrées par d’autres. Pendant le reste du confinement, ferons-nous attention à la façon dont le confinement révèle une aggravation des difficultés ? Après le confinement, allons-nous agir contre ces inégalités ? Les gens discutent déjà des solutions pour améliorer nos services de santé, ou à comment procéder à des changements dans la direction du gouvernement. Ferons-nous de même pour les personnes affectées de manière disproportionnée par le confinement, comme les immigrés et les résidents dans la banlieue Paris ou les sans domicile fixe ? On n’est pas sûr, mais on peut espérer que plus de personnes penseront à ces problèmes grâce au temps qu’ils passeront en confinement.




Par Josiah Blackwell-Lipkind


Les Américains ne comprennent pas le confinement obligatoire actuel pendant la pandémie du coronavirus. Cette mesure va à l’encontre de la philosophie fondamentale de ce pays qui prône la liberté individuelle avant tout. Qui aurait deviné que sous le mandat de Donald Trump, les États-Unis restreindraient les libertés individuelles et étendraient la puissance de l’État comme jamais auparavant ? En effet, c’est sous Trump que l’État a dépensé des milliards de dollars pour verser $1.200 à chacun, une politique qui sort de la tête des Démocrates comme Andrew Yang. C’est sous Trump que l’État exige que les entreprises privées construisent des équipements médicaux. C’est sous Trump que quasiment toute l’économie américaine est à l’arrêt. Et c’est sous Trump que la plupart des Américains sont appelés à rester chez eux dans un confinement sans date de fin.

Ce changement est un choc pour l’Américain typique qui est habitué à faire ce qu’il veut quand il veut, qui a vécu toute sa vie dans un pays qui valorise l’autosuffisance et la productivité. Il ne comprend pas pourquoi il ne peut pas sortir, pourquoi il ne peut pas travailler, pourquoi il doit porter un masque, pourquoi il ne peut pas faire du shopping, pourquoi il ne peut pas voyager. Le confinement lui semble oppressif, tyrannique, contraire à l’esprit américain. Il n’est habitué ni à recevoir des ordres de l’État ni à demander à l’État de l’aider.

Mais le pays est confronté par une guerre invisible et impitoyable à quelque chose d’inhumain. La liberté individuelle est néfaste à la lutte contre cette menace. Par conséquent l’Américain typique ne peut aider qu’en ne faisant rien, qu’en acceptant une réduction de sa liberté individuelle, qu’en se rendant aussi invisible que le virus. Il doit faire confiance à l’État pour le protéger et lutter à sa place, des décisions qui s’opposent à l’instinct américain.

Puisque la guerre est invisible, la plupart des Américains n’a pas peur du virus mais plutôt de ses répercussions sur l’économie. Ils sont fâchés de ce qu’ils voient, un État qui exerce une puissance excessive par son mandat de confinement, mais ils ne comprennent pas que cette même puissance pourrait les aider–à lutter contre le virus, à garder leur emploi et à sortir enfin du confinement. Dans un temps de confinement ou les Américains sont isolés et vulnérables, l’État pourrait révéler son potentiel de protection, de ressource, de sauvegarde, de réconfort, de force pour le bien de tous. Imaginez l’ironie si le mandat de Trump enseignait aux Américains l’importance et l’efficacité des programmes sociaux. Mais ceci n’est possible que si on redonne confiance à l’État et si l’État adopte un rôle plus dominant.

Ainsi cette guerre contre le coronavirus exige une inversion temporaire des rôles typiques aux États-Unis entre l’État et individu. L’État doit sortir du confinement du conservatisme et l’individu doit renoncer à quelques-unes de ses libertés individuelles par entrer en confinement.



Par Abby Goldfarb


Aujourd’hui, le monde entier fait face à une nouvelle menace inconnue. Pour la combattre, des gens partout dans le monde sont confinés chez eux. Même si cette période est difficile et effrayante, cette expérience est unificatrice : des millions de gens sont touchés, confinés à la maison. Et dans un monde de plus en plus divisé, ce moment d’unification est très fort. Nous sommes tous seuls chez nous, mais nous sommes seuls ensemble.

Non seulement le confinement permet l’unification, mais en plus, c’est une chance de réconciliation avec soi-même. Le monde change rapidement : avoir un peu de temps pour réfléchir, c’est une chose rare. Dans des moments comme ceux-ci, on peut réfléchir à ses valeurs et aux choses qui sont vraiment importantes. Votre bien-être, la santé de vos proches : on ne pense même pas à ces choses-là normalement. L’élimination des distractions de notre monde occupé permet une concentration sur ce qui est important. Privé de notre vie habituelle, on peut être reconnaissant aux petites choses de notre vie quotidienne : des étreintes des amis, des cours dans une salle de classe, des spectacles, des repas avec des amis au restaurant.

Il est essentiel de penser à la société après cette crise : on verra surement beaucoup de résultats et de changements. Au lieu de la peur, de la colère, de la frustration, il faut que le monde à grande échelle réponde avec la compassion et l’unité. Nous sommes tous vulnérables à cette menace, donc nous devons travailler ensemble.




Par Caleb Eickmann

Le confinement devient de plus en plus répandu, et, en avril, ce type de quarantaine touche à peu près la moitié de la population mondiale. Les circonstances de ces limitations peuvent varier beaucoup. Des Parisiens quittent à peine leurs petits appartements studio tandis que des Américains dans des villages ont parfois de grands jardins où ils peuvent se détendre. Quel que soit le cas, la situation actuelle peut être très inconfortable et plutôt effrayante. La vie quotidienne diffère fortement de celle que l’on vit typiquement, et il nous faut gérer la perte de nombreux éléments de notre vie qui sont habituellement stabilisants en même temps que les vrais dangers du coronavirus. Ce changement important peut nous bouleverser individuellement et s’ajoute à la crise réelle de santé publique qui rend déjà la situation intimidante. S’habituer à la vie confinée peut donc poser des problèmes.

Dans ce temps difficile, les expériences de nos compatriotes nous offrent une source de rassurance. Bien que la situation actuelle paraisse extrêmement menaçante et plutôt étrange, l’humanité a déjà survécu à ce type de défi, et certains parmi nous gère quotidiennement ce genre d’isolement que le confinement exige. Les technologies modernes nous rendent en fait particulièrement capables de bénéficier d’un type de solidarité avec nos proches confinés.

Quoique l’échelle mondiale de l’épidémie soit remarquable, les grandes pandémies ne sont pas un phénomène récent, et une grande tradition de quarantaines pour les combattre a souvent été mises en place. Au Ve siècle avant notre ère, Hippocrate, l’ancêtre des médecins actuels, a déjà proposé une période d’isolement de 40 jours pour éliminer la propagation de maladies contagieuses. Au Moyen Âge, l’Europe a déployé de plus en plus les quarantaines, et, au XIVe siècle, elles se sont répandues dans les grandes villes portuaires pour limiter l’importation de la peste. La France a adopté ce principe au XVIIIe siècle, et, pendant une période de deux ans, le gouvernement de Louis XV a complètement isolé la région de la Provence du reste du pays à cause d’une épidémie de peste.

Cette période rappelle également l’histoire héroïque du village anglais, Eyam. En 1665, quand la peste a infecté la population, la communauté s’est portée volontaire pour s’isoler. Grâce au soutien de villages dans les environs, les habitants n’ont interagi avec aucune personne hors de la ville pendant six mois. Même les échanges dans le village étaient très limités pendant cette période, et les habitants se réunissaient seulement dans un lieu particulier à l’extérieur où ils pouvaient être suffisamment dispersés pour empêcher la transmission de la maladie. Grâce à leurs efforts, de grandes villes dans les environs, comme Manchester, ont évité une épidémie sévère.

L’humanité a donc géré historiquement ce type d’isolement pour répondre à des pandémies, et elle en est toujours capable. D’ailleurs, ce défi de confinement est en particulier assez typique dans certains métiers.

Par exemple, cette vie dans un espace limité où les interactions sociales sont limitées est très familière chez les marins. Leurs missions peuvent souvent impliquer des mois sans quitter leur navire, et, parfois, ils ne connaissent même pas la date de leur traversée. Ce tourment de ne pas savoir quand la situation va évoluer fait partie de leurs expériences normales, et ils ont appris à régler ces inquiétudes. Il est très rassurant que ce groupe se soit habitué à ces vrais défis en matière du confinement. Les problèmes d’isolement qu’on connaît maintenant sont un souci régulier que les marins ont réglé tout au long de l’histoire des voyages maritimes.

De nos jours, nous partageons largement ces difficultés. Bien sûr, des différences existent selon les situations personnelles de chacun, de la taille de son domicile ou du nombre de personnes qui le partagent. Les circonstances peuvent être particulièrement pénibles pour les travailleurs indispensables qui risquent l’exposition au virus et pour ceux qui n’ont pas accès à une résidence stable ou à des produits indispensables. Il faut identifier ces personnes que le virus touche encore plus afin de les soutenir.

Cependant, parmi les milliards d’humains confinés aujourd’hui, beaucoup d’entre eux rencontrent des défis très semblables liés à l’isolement. L’échelle de cette expérience partagée évoque la possibilité d’une grande solidarité qui peut atténuer la douleur de ce manque d’interactions sociales. Aujourd’hui, par rapport aux conditions historiques, nous bénéficions d’une occasion spéciale pour profiter de cette unité grâce aux technologies modernes. Les appels vidéo qui sont disponibles presque partout peuvent nous lier d’une façon qui aurait été impossible il y a 30 ans. Même des applications peut-être plus simples sur Internet, comme les mails, nous permettent de maintenir une présence plus importante dans la vie de nos proches. Les outils numériques des années 2000 peuvent nous aider à combattre au moins les difficultés psychosociales qui accompagnent le coronavirus.

En somme, la situation reste difficile, et il faut ne pas minimiser les défis pour les personnes dans des situations précaires ni pour celles qui éprouvent le stress du confinement. Pourtant, ces circonstances d’isolement paraissent un peu plus gérables selon une perspective historique et mondiale. Bien que la vie actuelle ne semble apparemment pas adaptée à ce monde, l’humanité a réussi depuis longtemps à surmonter ces sortes de difficultés. Le confinement éprouvant que nous apprenons à vivre fait partie des expériences quotidiennes de certains groupes d’individus. Nous ne sommes pas seuls à affronter ce problème, et, même si nous ne savons pas encore quand exactement la situation va changer, nous y arriverons.







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