Un après-midi à Giverny
- Domitille
- 6 déc. 2019
- 3 min de lecture

Dans le sud-est de la Normandie, sur une colline qui donne sur la Seine, se trouve le village de Giverny. Ce village est connu pour son lien avec l’artiste Claude Monet, un des premiers membres du groupe impressionniste. Cela fut Monet qui a peint le tableau « Impression : soleil levant » qui a donné au mouvement son nom. Pendant les dernières années de sa vie, Monet a vécu dans une maison à Giverny entourée de jardins de fleurs. C’est là qui fut peint les Nymphéas, la série de tableaux la plus connue de l’artiste. Maintenant, les touristes et les amateurs d’art peuvent visiter son ancien domicile et se promener dans les jardins.
Le lieu est très beau et très bien préservé, mais une visite provoque aussi des questions. Pourquoi visiter Giverny ? Est-ce que la beauté de cette maison attire les touristes, ou est-ce quelque chose de plus ? Pourquoi devrait-on visiter les lieux où les artistes ont vécu – non pas seulement leurs oeuvres, mais aussi leurs lits, leurs marmites, leurs bibelots ? Pour leur répondre, je suis partie le 29 octobre de la Gare Saint-Lazare en direction de Rouen. Giverny m’attendait au bout du voyage – et, en regardant les nuages qui étaient omniprésents ce jour-là, je me demandais si j’allais trouver les réponses.

La distance entre Paris et Giverny est 70 kilomètres. Le train de Gare Saint-Lazare s’arrête à Vernon-Giverny, qui est éloigné de sept kilomètres de la maison de Monet, un trajet que l’on peut accomplir à pied, à vélo ou en navette. Pendant les dernières années, une nouvelle piste cyclable fut construite sur le bord de la Seine, ce qui rend la route beaucoup plus sympathique pour ceux qui l’embarquent à pied ou à vélo. Après le bruit incessant de Paris, on est frappé par le calme de la campagne. En montant vers Giverny, la rivière coule sur la droite et un champ plein de vaches s’étend sur la gauche. Le silence n’est ponctué que par le vent, le meuglement de vaches et les voitures occasionnelles sur la route de l’autre côté de la pâture. Difficile de se rendre compte que ce fleuve est la même Seine qui traverse Paris !
Bien que la maison de Monet soit grande et belle, les attractions principales à Giverny sont plutôt les jardins qui l’entourent. Même vers la fin d’octobre, elles sont en pleine fleuraison.

De petits chemins de gravier forment des routes entre les parterres du Clos Normand, le jardin juste derrière la maison. De l’autre côté d’une grande rue, que l’on peut traverser par un passage souterrain, se trouve le Jardin d’Eau, avec ses saules, ses arbres de bambou et son attribut le plus connu, son bassin de nymphéas. Les ponts verts qui traversent l’eau évoquent le style japonais que Monet admirait tant. C’est dans ce jardin, évidemment, que Monet a peint ses Nymphéas. On ressent là une sorte de déjà-vu étrange, comme si le jardin n’était qu’une image des tableaux célèbres, et non l’inverse.
Pourquoi, donc, se rendre à un petit village touristique en Normandie ? À Giverny, j’ai vu des visiteurs de partout dans le monde qui sont venus après de longs trajets un après-midi un peu pluvieux pour voir – quoi, une maison fin de siècle et ses jardins ? Même moi – après avoir raté le train que je voulais prendre, je suis revenue pour le train deux heures plus tard, qui a eu en plus un retard de quarante minutes. À l’arrivée à Giverny, en dépit de la pluie légère, j’ai loué un vélo et je suis montée sur la colline pour voir le lieu où l’artiste a réalisé ses oeuvres, où il a vécu, travaillé et jardiné. Une visite à la maison et aux jardins de Monet à Giverny finit par être beaucoup plus qu’une simple excursion – c’est un pèlerinage vers la mémoire d’un grand artiste.

Le soir, quand je suis rentrée à vélo vers la gare, je me suis arrêtée dans le crépuscule sur les bancs de la Seine. Il a commencé à pleuvoir, et les vaches ruminaient dans le pré. Je suis restée là pendant quelques minutes, en imaginant que Monet passait des soirées pareilles à celle-ci, avec une pluie légère et froide, mais toujours calme, sur le bord du fleuve.
--Shira
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