Le Jour d'après de Josiah Blackwell-Lipkind, d'Elinor Martinez et de Cynthia Lu
- Domitille
- 8 juin 2020
- 4 min de lecture
Josiah Blackwell-Lipkind
16 janvier 2020
Ma victime entre dans la cafétéria. Je chatouille sa gorge. Elle s’éclaircit la gorge et je retombe dans ses poumons. Mes camarades se moquent de mon échec, ce qui nécessite un effort plus grand de ma part. Cette fois je grimpe délicatement au sommet des poumons. Je marche sur la pointe des pieds à travers sa gorge et, sans déclencher de toux, je saute dans sa fosse nasale. Ici je fais une pause et je me réhydrate avec du mucus.
À travers ses narines, je discerne que la victime s’approche du buffet. Je me prépare à chatouiller ses poils de nez. Elle saisit les pinces communes et je discerne un de mes amis qui sautent des doigts de la victime sur la partie en métal des pinces. Je me recentre sur mes propres efforts. La victime baisse la tête pour atteindre le plat de pâtes derrière la salade. À travers la grotte de son nez, la barrière en verre a temporairement disparu. C’est maintenant ma chance ! J’attrape un poil de nez et je le secoue de toutes mes forces. La victime inspire et expire fortement mais je m’agrippe à ce poil de nez. Finalement, elle inspire profondément et elle laisse échapper un violent « atchoum » ! Je suis alors propulsé à l’extérieur de son nez, à la lumière du jour, à travers les mains de la victime qui saisit des pâtes avec les pinces, jusqu’à ce que j’atterrisse dans la sauce tomate des pâtes. J’ai gagné !
De mon lieu d’atterrissage j’observe ma victime de loin. Son visage est tordu. Comme les êtres humains sont moches ! Elle finit d’éternuer et essuie du mucus sur le dos de sa main. Beurk ! Je ne comprendrai jamais pourquoi les êtres humains achètent des armes et portent des ceintures de sécurité et se font injecter par des vaccins, tout au nom de la sécurité, mais ne craignent pas de manger dans les buffets. Pour l’instant nous avons de la chance qu’ils ne se soient pas rendu compte de cette ironie. Que le buffet dure éternellement !
J’attends patiemment ma prochaine victime dans les pâtes.
…
25 mai 2020
Je me suis malmené. Malheureusement, il parait que les buffets n’existeront plus dans le monde de demain.
Elinor Martinez
Quand je considère le monde d’après, je me demande si l’on reconnaîtra ce jour quand il arrivera. Le coronavirus ne ressemble à aucun autre événement catastrophe, comme les tremblements de terre, les tempêtes, ou les guerres. Aucune date précise identifie le début de cette pandémie, et je doute qu’une date de fin soit envisageable. Cela contribue à la difficulté d’imaginer un « après ». Pourtant, il est facile d’imaginer que beaucoup de choses vont changer. À mon avis, les voyages et l’éducation seront très touchés.
Je pense qu’en ce qui concerne les voyages, les gens opteront plus pour des vacances locales ; par exemple, plus de Parisiens exploreront la France au lieu de visiter d’autres pays. Les voyages d’affaires diminueront, aussi, et je suis sûr que cela affectera d’autres aspects de l’économie.
Par ailleurs l’éducation sera elle aussi bouleversée, et j’ai peur que les écoles ne soient pas capables de s’adapter sans perdre la qualité de l’enseignement. Il faudra compter moins d’élèves pour chaque cours, prévoir un espace plus grand entre chaque élève, et le partage des fournitures scolaires ne sera plus possible. Pour les universités, la question des programmes d’échange et des étudiants internationaux est une question à laquelle il est difficile de répondre. Les étudiants étrangers sont une source clé de revenu pour les universités. S’ils ne peuvent pas revenir sur le campus ou s’ils n’ont pas le même désir de s’inscrire, les universités devront revisiter leur budget.
Nous sommes dans une période troublée et sans précédent ; selon moi, il faut se concentrer sur les moyens qui nous permettent de nous adapter à cette situation présente, afin de ne pas s’inquiéter de l’incertitude du futur.
Cynthia Lu
Il est inévitable que le monde change après cette pandémie, et je pense qu’au moment où tout le monde reviendra à sa vie quotidienne, il découvrira que tout a changé. Nous avons développé de nombreuses habitudes pendant cette période de confinement qui se poursuivront. Je crois que les cercles sociaux seront plutôt restreints, parce que beaucoup de gens ne se sentiront pas à l’aise pour interagir physiquement avec des étrangers ou rester dans des espaces surpeuplés. La façon dont nous interagissons, travaillons, et nous déplaçons sera nécessairement différente. Alors que les étudiants comme moi se préparent à entrer dans le monde réel, il sera difficile de chercher un travail en une période de récession. Cela nous obligera à nous adapter et idéalement, nous en sortirons plus forts.
Toutefois, plus important encore, cette pandémie nous a montré qu’il existe des éléments de la société américaine qui sont brisées et doivent être réparées. Par exemple, elle a révélé la fragmentation de notre système de santé, les disparités raciales, l’inégalité des revenus et un niveau général d’injustice et d’ignorance au sein de notre société. Je suis peut-être optimiste, mais je crois que cela va inspirer une nouvelle génération qui devra s’attaquer à ces problèmes.
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