Réflexions sur demain d'Hannele Hellerstedt, de Patrick Gilfillan et de Caleb Eickmann
- Domitille
- 8 juin 2020
- 5 min de lecture
Hannele Hellerstedt
Le rêve de « demain » : un monde après le coronavirus
Depuis avril, quand le président Macron a annoncé la date de la fin du confinement, le mot « déconfinement » est partout. Cependant, comme son nom suggère. Le déconfinement est un processus. C’est une période où l’on peut vraiment réfléchir à ces derniers mois.
Procédons tout d’abord à l’analyse de ce phénomène. Pourquoi est-ce que la pandémie a touché autant de monde et pourquoi étions-nous si mal préparés ? On doit se poser ces questions — sans parti pris ni blâme. C’est en tirant les leçons de cette expérience qu’on pourra être prêt pour une deuxième vague ou d’autres crises.
Au niveau de l’individu, je pense que les masques vont continuer de faire partie de notre quotidien, ainsi que d’autres gestes sanitaires (ex. se laver ses mains et nettoyer les espaces communs beaucoup plus souvent qu’avant).
Depuis le début de l’épidémie, on s’est fié à nos gouvernements et à l’OMS pour nous guider. On a remarqué qu’une grande partie de notre population était vulnérable, que certains allaient perdre leur maison s’ils ne recevaient pas leur salaire et certains autres auraient des difficultés à se nourrir. Également, on a constaté que c’était un privilège de rester chez soi et on a reconnu les métiers qui étaient essentiels à la fonction de la société en rendant hommage aux personnes qui les exercent chaque soir.
Rester chez soi était le grand thème de ces derniers mois, pendant lesquels on a passé du temps avec sa famille et ses proches, on a joué, et on a cuisiné ensemble. On ne doit pas perdre cet esprit d’être ensemble et de solidarité.
Laissez-nous traiter cette pandémie comme une opportunité de repenser notre société, et rêvons d’un avenir où on peut protéger les uns avec les autres.
Patrick Gilfillan
Le monde de demain
Aujourd’hui, l’impact du coronavirus se fait sentir dans le monde entier. Je me demande si la vie va revenir à la normale ou si elle va se transformer à en une nouvelle société obsédée par le confinement. Dans le New Jersey, nous sommes en confinement depuis plus de deux mois et je ne crois pas que le gouvernement va alléger les restrictions.
Le dimanche 24 mai, la couverture du New York Times dit « Près de 100 000 morts aux États-Unis ». En même temps, Le monde rapporte que la direction générale de la santé a publié des chiffres positifs après le dé-confinement en France. Les immenses différences dans les rapports me rendent malheureusement sceptique quand je suis l’évolution du coronavirus. Cependant, j’imagine que le monde de demain sera une société plus compatissante et empathique qui cherche à résoudre les problèmes du XXIe siècle.
De nombreux des professeurs d’économie et de sociologie pensent que cette crise va créer des problèmes permanents qui détruiront la structure économique de la société. Le virus révèle d’immenses inégalités dans le monde et il pointe l’obsession néolibérale de la croissance monétaire. Cette structure ne protège pas tous les êtres humains, en particulier ceux qui vivent dans la pauvreté. En même temps, d’autres philosophes et intellectuels affirment que nous avons perdu notre liberté individuelle au profit de l’autorité des gouvernements pendant le confinement. Je pense que ces débats seront essentiels pour changer la trajectoire négative de la société.
Je crois que cette pandémie oblige des espaces urbaines à réinterpréter la façon dont nous vivons notre vie quotidienne. Par exemple, les grandes réunions seront extrêmement différents alors que les restaurants sembleront vides. Les masques vont devenir normaux et je me demande si les gens auront peur de voyager. Le monde de demain sera extrêmement préoccupé par la notion de distance entre les êtres humains et je pense que des examens médicaux seront nécessaires pour toutes les facettes de la vie. Lorsque la présence du virus diminue, il faudra obtenir une autorisation médicale avec des résultats d’examen diagnostique du coronavirus pour aller à l’école ou travailler. Bien que mes pensées semblent négatives, j’envisage un monde qui surmonte finalement cette pandémie.
Les gouvernements doivent aussi assurer le soutien aux personnes en difficulté. À l’avenir, j’imagine une société qui célèbre la santé et la famille après les immenses bouleversements causés par la pandémie. Nous devons surmonter l’adversité pour guérir du passé et construire le monde de demain.
Le Jour d'après
Caleb Eickmann
Notre situation actuelle est agaçante. Les conséquences du coronavirus pour la santé publique et pour l’économie sont troublantes ; de plus, notre incertitude quant à l’avenir immédiat contribue à la difficulté de la vie quotidienne. Pour se tranquilliser, on espère retrouver rapidement une situation qui ressemble plus à celle de l’année précédente. On espère que les problèmes du coronavirus disparaîtront afin que le confort de vie comparable à celui de la vie « normale » puisse reprendre. Cette réaction émotionnelle peut être réconfortante, mais elle ignore, en effet, la réalité du virus. Au regard des dangers qui sont maintenant évidents, le monde naïf de l’année dernière n’existe plus. Il nous faut répondre aux dynamiques qui ont rendu cette pandémie possible.
La communauté mondiale est en train d’apprendre une leçon difficile. Malgré les avertissements des virologues, ce type de désastre est un choc. En général, les gouvernements n’ont pas réagi suffisamment tôt pour empêcher une épidémie douloureuse, et ils ont dû se résoudre à utiliser le confinement plutôt que le dépistage et la recherche de contacts. Nous n’étions pas prêts pour cette menace, mais peut-être le serons-nous la prochaine fois.
On peut espérer que nous nous éveillons maintenant à la réalité de ces dangers. Au XXe siècle, plusieurs crises ont illustré certains types de désastres, et les états se sont adaptés pour les éviter. Après la Seconde Guerre mondiale, l’ONU a été établie pour empêcher les conflits internationaux. Après la Grande Dépression, la démarche fiscale des États-Unis a fortement évolué quand le président Franklin Roosevelt a appliqué son « New Deal ». Nous avons maintenant besoin d’un « New Deal » pour la santé publique, d’une solution à l’échelle de l’ONU pour gérer les pandémies. Bien que l’OMS et des CDC existent déjà, ces organismes n’ont pas suffi. Des agences qui peuvent coordonner la préparation rapide et immédiate de ressources de dépistage et de traitement pour répondre aux premiers signes d’une menace comme le Covid-19 sont nécessaires. Il pourrait s’agir également de mesures préventives pour surveiller mieux la dispersion des gens qui permet la dispersion d’une maladie. La « normalité » qu’elles créent peut différer de celle qui a précédé le coronavirus, mais il nous est possible d’atténuer les dangers d’une autre situation comme celle que nous vivons.
Une réponse pratique au coronavirus peut être bénéfique. Certains commentateurs proposent même de tirer profit de ce moment pour réfléchir aux crises écologiques qui sont à l’origine de cette épidémie et de beaucoup d’autres menaces mondiales.
Cependant, ces solutions scientifiques ne résolvent pas les inquiétudes internes de l’individu. Si l’on se rend compte de nos problèmes dus à la santé publique, on cherche à retrouver son ancien confort au moyen de ces solutions pratiques. Ces mesures ne suffisent pas parce qu’il s’agit de son sentiment de sécurité, qui est fonction émotionnelle. Quoi que la communauté internationale fasse pour gérer cette crise, les générations qui vivent la situation actuelle comprennent maintenant d’une façon viscérale la possibilité de la perturbation totale de leur vie quotidienne. Le jour d’après impliquera le doute en dépit d’actions pour éviter une autre pandémie. Il nous faudra apprendre à vivre avec ce type d’incertitude.
On peut espérer que cette incertitude est également bénéfique. Peut-être sera-t-on plus prudent, et peut-être exigerons-nous une réponse plus forte et plus rapide la prochaine fois. Le doute peut-il faire partie de la solution, tout comme les mesures scientifiques ?
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