Le Paris de...

Poom Pipatjarasgit

Médiathèque de la Canopée la fontaine (10, passage de la Canopée)

Bien qu’elle fût un lieu où je suis retourné plusieurs fois, j’ai une seule photo liée à cet endroit : une vue de la médiathèque, qui surplombe une zone extérieure des Halles. Le Forum des Halles, est un centre trépidant de Paris : les Parisiens et les touristes y font du shopping et se détendent, les pickpockets cherchent leur prochaine chance, la sécurité et la police sont en état d’alerte avancée, et les voyageurs entrent et sortent par un des centres de transit les plus animés de Paris : Châtelet-Les Halles. Au beau milieu du Forum des Halles se trouve un bijou : La Médiathèque de la Canopée la fontaine. Cette salle de lecture dans la médiathèque, avec de grandes fenêtres sur lumière naturelle, était un lieu où j’étais à l’aise, calme, et concentré à sur mon travail académique.

La médiathèque est un lieu que j’ai utilisé souvent, mais étonnamment, je l’avais presque oubliée. C’est un lieu que j’ai considéré comme acquis ; je me souviens avec plaisir du confort de cette tanière, cachée dans le centre de Paris. J’ai échappé à ma chambre et à ma propriétaire vraiment énervante plusieurs fois pour y aller : si bien localisée, elle était juste située à vingt minutes de mon appartement.

Paris abrite beaucoup d’endroits qui me manquent. Mais mon quotidien, ce dont je suis plus reconnaissant lorsque je suis en confinement, était cette médiathèque : un asile trouvé dans le centre de Paris.

Arissa Tagatac-Aoki

Paris en mouvement

Pendant mon séjour à Paris, j’ai exploré plusieurs quartiers, cafés, restaurants, musées, jardins… Chaque jour, j’étais toujours en mouvement. Les différents quartiers qui ont leurs charmes et excentricité, ils rendent difficile mon choix d’un lieu unique. Mais il existe un endroit qui relie tous ces endroits. Je m’y suis trouvée plusieurs fois par jour. Le souterrain de Paris, le Métro. Le Metro n’est pas le lieu le plus beau de Paris, surtout en comparaison avec le Paris hors-sol. Le Métro est sale, bondé, bruyant, mais c’est ce qui fait son charme. Les Parisiens divers peuvent être observés dans le Métro : les riches, les pauvres, les vieux, les enfants, les excentriques… tous les Parisiens le prennent. J’ai découvert les petites joies qui sont uniques et liées à ce mode de transport. Ma préférée est quand le train émerge du tunnel et qu’il traverse un pont qui fait face à l'extérieur. En particulier, le moment où on traverse la Seine entre la Gare d’Austerlitz et le Quai de la Rapée sur la 5. Les deux minutes oú le train émerge du tunnel pour traverser la lumière du jour avant de rentrer dans le tunnel sont deux minutes spéciales.

En ce moment, l'ordinaire de la vie quotidienne me manque le plus. Le Métro était un aspect de mon séjour à Paris qui était tellement normal. Je n’ai jamais pensé que la foule et le bruit du Métro vont me manqueraient. La prochaine fois que je prendrai le Métro, je veux voyager au bout de chaque ligne. Je veux observer les passagers qui entrent et sortent du train. Je veux écouter l’annonce avant l'arrivée dans chaque station. Je veux que le métro m’amène dans les quartiers que je n’ai pas eu le temps d’explorer.

Observer nuageux Paris en mouvement

Julia Moore

Quand je pense à “mon Paris”, je me souviens de la boutique touristique sous mon appartement, la Notre Dame, le Musée d’Orsay. Mais l'endroit auquel je pense le plus est en fait caché sous terre. C'est le réseau de tunnels qui permet aux Parisiens de rouler à toute vitesse dans la ville : le métro.

Quand je suis arrivée à Paris, j'étais terrifiée à l'idée de prendre le métro seule. Certaines personnes ont peur des araignées, d'autres ont le vertige. Moi, j'ai peur de me perdre. Pour moi, être perdue indique un manque de contrôle, une impuissance. C'est la solitude, une limbe inéluctable.

Voyager seule a toujours été difficile pour moi. Mes jambes vacillent, ma vision devient floue, les panneaux de signalisation semblent tous identiques. Je suis inutile sans google maps ; je me suis même perdue dans le quartier de mon enfance.

Comment allais-je me déplacer dans une nouvelle ville ? Et comment pourrais-je le faire seule ?

Pendant mes deux premières semaines à Paris, j'ai évité le métro ; j'ai même pris des taxis hors de prix. Mais en contournant le métro, je négligeais les endroits incroyables de la ville, je passais à côté de la vie parisienne. Ma peur de me perdre dans une nouvelle ville me rendait complètement immobile, dans tous les sens du terme.

J'ai réalisé que je ne pouvais pas laisser ma peur me contrôler - et je devais aussi aller en cours. J'ai donc commencé à monter dans le métro. Chaque jour, en tremblant des genoux, je descendais dans l'abîme en dessous de mes pieds. Au début, j'étais collée à mon téléphone, vérifiant constamment que j'étais sur la bonne ligne, que je descendais au bon arrêt. Mais, comme la plupart des choses, c'est devenu plus facile avec le temps.

J'ai commencé à prendre le métro, quand je n'avais pas besoin d'aller en classe. J'ai exploré une station inconnue, j'ai spontanément décidé de descendre avant mon arrêt et de trouver quelque chose à manger. Je n'étais pas parfaite et je me suis quelquefois perdue. Une fois, j'ai eu 40 minutes de retard pour un dîner avec un ami parce que je ne trouvais pas la bonne station. Mais, bien que j'aie eu peur, j'ai survécu. J'ai fini par arriver au dîner et mon ami et moi avons ri de la situation en mangeant des boulettes.

Le métro m'a donné un sentiment de liberté, de fierté. Chaque trajet vers mes cours était une victoire, et mes trajets sont devenus familiers et confortables. Quand ma famille est venue me rendre visite, ils m'ont proposé de payer un taxi pour que je puisse venir les retrouver à leur hôtel. "Bien sûr que non, répondis-je, je prendrai le métro. Je considère le métro comme une partie importante de mon expérience d'étudiante à l'étranger. J'ai pu surmonter mes craintes et mon anxiété pour embrasser la vie en France et profiter de Paris. J'ai hâte d’y revenir un jour, alors je prendrai à nouveau le métro, comme une parisienne.